Instantanés doux et amers du temps perdu,
Répliques d’un rêve qui hante ma mémoire.
Au sein d’un parc à chérubins, sans le savoir,
J’agitais des hochets d’un entrain convaincu.

Réminiscence d’une époque révolue
Où l’on gesticulait dans une parodie,
Comme dans un brouillard je naviguais à vu,
Ainsi, je somnolais parmi les endormis.

De fats inepties nourrissaient ma réflexion,
Et orientaient mes choix en dépit du bon sens
Je ne saisissais pas quelle était mon essence,
Ignorant les écueils de notre relation.

Sans interrogation tu suivais la chorale,
Exécutant parfaitement les vocalises
Que jusqu’alors tu avais sagement apprise,
Simplement motivée d’approbation sociale.

J’aurai dû mieux comprendre qui j’étais au fond,
En suivant ta chansonnette pour moi si douce,
Dont le thème anime encore mes émotions,
Si bien que jamais son vieux refrain ne s’émousse

Quand ressurgit le temps de notre amour passé.
Je m’étais intégré sans perturber tes bases,
En me contorsionnant pour entrer dans tes cases.
Mais, ne parvenant pas toujours à m’adapter

Aux rapports codifiés de notre vie urbaine,
Dans des espaces désignés où que l’on soit,
Aux interactions policées des personas,
Détenus et gardiens d’une prison mondaine,

Aux abords des convenances et des usages,
Vers des eaux dans lesquelles j’appréciais la nage,
Je m’empressais d’aller gober pauvre poisson,
D’atraillants appâts plantés sur des hameçons.

Consommation d’imaginaires artificiels,
Garants d’appartenance au groupe et aux panels,
Programmation par la culture de nos âmes,
Façonnage mental pour éteindre nos flammes.

Où était la place pour l’improvisation ?
Comme un bourgeon tardif ne voulant pas éclore,
Tu restais plantée là dans ce clinquant décor,
Sans jamais ressentir le besoin d’évasion.

Etais-tu vraiment là quand tu fus avec moi,
Sublime ingénue sur une jambe de bois,
Un pied dedans, un pied dehors, vivante et morte,
Et dans ce carnaval claudiquant de la sorte ?

Il me reste pourtant tous ces instants fugaces,
Moments partagés de pur bonheur juvénil,
Au fil des rivages quand on quittait la ville,
Échappés illusoires demeurant si vivaces

La lueur de tes yeux dans ces situations,
Connivence de regard posé sur les choses,
Ce sens de l’humour qu’ensemble nous partagions,
La danse tactile de nos corps en osmose.

Ces souvenirs m’envahissent de désarroi,
J’aurais tant voulu que tu retires ton masque,
Pour inspirer, sans filtre, un air pur avec moi,
Dans l’instant, je le pense, j’eus stoppé mes frasques.

Pardonne mes errances et mes trahisons,
Je m’en veux tellement que tu en ais souffert,
J’étais un immature en manque de repères,
Je n’ai pas su me consacrer à notre union.

Hélas, la fin eût été sans doute pareille,
Il faut qu’on se le dise, cela n’eût rien changé,
Tu ne m’aurais jamais suivi dans mon éveil,
Quelque fut l’attitude que j’eus adopté.

Embrigadée dans une psychose de masse,
Hypnotisée par la litanie médiatique,
Fermée à toute idée de changement d’optique,
Sans que ce confinement jamais ne te lasse.

Toujours en manque d’autorité parentale,
A quels méfaits vas tu dorénavant souscrire ?
Soumise à l’ordre de la gouverne mentale,
Persuadée de faire le bien, laisse moi rire !

Je préfère y voir une dimension comique,
La tragédie dans tout cela c’est votre nombre,
S’en allant propager de sinistres musiques,
Marchant passivement sur un chemin bien sombre.

Cette opérette entamant un tournant morbide,
J’ai dû te laisser partir sans me retourner,
Je me suis retiré de tes contrés livides,
Pour les déserts arides de la vérité.

Aucune de nos positions n’est à envier,
Dans nos désastres il n’est question que de style,
Ne pouvant envisager ce destin servil,
J’ai donc saisi cette occasion d’évoluer !

Mais ne prends pas ombrage de ma virulence,
Là n’est pas l’intention de ce constat sévère,
Je ne peux m’empêcher d’écrir ce que je pense,
Pour toi j’ai fais l’effort d’articuler ces vers,

Car je voulais te dire combien tu as compté,
Et, dans les mornes plaines de la vie sans toi,
Tu restes pour toujours au coeur de ma psyché
Comme une nostalgie qui me saisit d’émoi.

Cela méritait bien l’ajout d’un épilogue,
Contre les crispations et les défauts d’écoute,
N’ayant jamais vécu une histoire analogue,
Permet que j’en tire un bilan, quoi qu’il en coûte :

Devenu spectateur d’un triste vaudeville
Je ne m’encombre plus d’aucune panoplie
Dérivant désormais telle une anomalie
Comme un naufragé espérant trouver une île

Quand on quitte les berges des puer aeternus,
Il ne peut y avoir de retour en arrière.
Je poursuis donc ma route jusqu’au terminus,
Et te souhaite qu’un jour tes deux pieds touchent terre

En attendant, il n’y a rien à regretter,
Faisons fi sur le champs des songes élégiaques,
Tu étais dans la note et je faisais des couacs,
Mais jamais je n’oublierai que l’on s’est aimé.

SachaLex