Pour éveiller l’enfant qui dort
Je lui rédige des sortilèges
Qui transforment le plomb en or
Dans les rouages de son manège.

Par l’agencement de mes formules
De manière abracadabrante,
Le trismégiste je stimule
A l’intérieur de sa charpente.

Mais rien ne semble se produire
Hélas dans sa situation
Elle ne parvient pas à saisir
L’objet de sa transmutation.

L’alchimie est ineffective,
Mes vers s’évaporent dans le vide
Je vois partir à la dérive
Cette immature, cette insipide.

Perdue dans la vallée des nombres
Où les lueurs sont électriques
Elle déambule parmi les ombres
Dans sa condition léthargique.

De lénifiantes fantaisies
L’y maintiennent en profonde hypnose
Et lui font percevoir la vie
A travers ses paupières mi-closes.

La raison me paraît absente
Chez ce fantôme ensorcelé
Par une mélopé délirante
Que j’aimerais contrecarrer.

A cette nesciente somnambule
Qui ne veut pas qu’on la ranime,
Cette inconsciente funambule
Qui pourrait entendre les rimes

De cette invocation magique
Si elle ouvrait son point de vue,
Je dédie ainsi mes quantiques
Qu’elle sache que je l’ai attendu.

Qu’un temps ensemble nous aurions pu
Réinventer nos existences
Au delà de ses espérances
Fusse-t-il encore qu’elle en ait eu.

Quand de sa transe elle sortira
Même si pour ça j’ai peu d’espoir,
Je voudrai laisser un grimoir
N’étant pas sur d’être encore là

S’il advenait qu’elle décidât
D’interroger ses paradigmes
En abordant l’ultime énigme :
Quel est ce monde qui est ce moi ?

SachaLex